Nancy Ji

Un nouveau type de DIY dans le Japon post-croissance contemporain

ABSTRACT

Cet article examine comment les petites villes et communautés du Japon sont réinventées, ou « refaites », non seulement par des architectes, mais aussi par un groupe émergent de jeunes, souvent des migrants urbains et ruraux, qui s’engagent activement dans les méthodes de DIY et d’auto-construction. Le Japon est l’un des premiers pays à entrer dans une société post-croissance, avec une économie stagnante et une population qui vieillit et diminue rapidement. Les efforts traditionnels de revitalisation ont consisté à investir de grandes sommes dans des projets de construction publique, comme le boom des musées et des centres de villégiature dans les années 1980, qui s’est avéré infructueux avec l’effondrement de l’économie de bulle au début des années 1990. Depuis lors, les approches à petite échelle axées sur des méthodes participatives et socialement engagées sont considérées comme une alternative prometteuse. Depuis le grand tremblement de erre du Japon oriental de 2011, il existe un groupe restreint mais croissant de migrants urbains- ruraux qui choisissent de s’installer dans des zones rurales, rénovant des maisons vides pour en faire des logements, des magasins et des ateliers et revitalisant de manière créative le paysage social et physique rural. L’objet d’étude est la vie quotidienne vernaculaire composée de bâtiments qui ne sont pas considérés comme des monuments historiques dignes de protection. Ces bâtiments risquent actuellement d’être abandonnés, notamment dans les zones rurales, car le nombre actuel de maisons vides au Japon a dépassé les 8 millions en 2013. L’étude adopte des méthodes ethnographiques qui consistent à visiter les projets, à interviewer les principaux acteurs impliqués dans la rénovation et à documenter les structures résultantes. En outre, le travail de terrain comprend la participation à plusieurs projets de DIY en tant que bénévole qui se rend régulièrement sur les chantiers. À travers cette expérience de première main, les espoirs et la motivation des personnes impliquées dans les projets de DIY, ainsi que les opportunités et les défis auxquels elles sont confrontées, révèlent l’évolution des attitudes de la société japonaise. En outre, le processus de transformation architecturale, comme la manière dont les décisions de conception sont prises et exécutées, est une alternative aux processus traditionnels descendants qui redéfinit le rôle de l’architecture et de l’architecte dans le Japon contemporain.

BIOGRAPHIE

Nancy (Yao) Ji est titulaire d’une maîtrise en architecture de l’université de Melbourne et de l’université technique de Delft. Elle est architecte agréée et travaille actuellement chez Bates Smart Architects à Melbourne, après avoir travaillé chez Atelier Bow Wow et Kengo Kuma and Associates à Tokyo. Parallèlement à sa pratique professionnelle, Nancy est candidate au doctorat à l’université Keio de Tokyo et termine actuellement son doctorat en examinant le rôle de l’architecture dans la revitalisation des communautés rurales au Japon. Depuis 2015, elle enseigne à l’école de design de Melbourne en histoire et théorie de l’architecture et en études de design de premier cycle et de maîtrise.