Alessandra Bruno

« Alles ist verboten ».

Expérimenter dans l’espace public pour apprendre et enseigner autrement.

L’installation temporaire de chaises sur une place publique et l’observation de leur utilisation représente une situation propice pour appréhender la nature de cet espace, de ses usagers — qui les utilise ? Sont-elles déplacées ? Volées ? — et, ensuite, agir sur son aménagement. Et si on en rajoutait d’autres ? La prise en compte de l’évolutivité des espaces publics et de leurs usagers, d’un côté, et de l’expérimentation comme manière alternative d’agir, de l’autre, pourraient constituer une occasion pour repenser le projet urbain. Aujourd’hui, on assiste à la progressive reconnaissance des interventions spatiales temporaires en milieu professionnel et dans la fabrique de la ville. Mais comment transposer cette manière d’agir dans les institutions académiques ?

Pour y répondre, cette contribution se base sur l’observation participante menée lors d’un workshop, au sein du master en Social Design, à Vienne. Pendant une semaine, des étudiants, issus de différentes disciplines, ont exploré le quartier de Floridsdorf. La consigne étant d’observer et de faire expérience directe de l’espace public pour, ensuite, y proposer une ou plusieurs interventions spatiales.

Pourtant, la formation académique des étudiants se heurte à la réalité. Le manque de sensibilité des participants et leur difficulté à comprendre l’espace freinent l’expérimentation. Le workshop se modifie et ses porteurs improvisent des moments de réflexion et de convivialité afin de faciliter l’exercice et aboutir à une vision plus complexe de l’espace public.

Cette contribution se propose d’interpeller la friction entre l’expérimentation et sa transmission au sein des institutions académiques. Il s’agira d’illustrer les situations particulières d’apprentissage proposées pour appréhender l’espace, mais aussi l’adaptation des modalités d’enseignement pour faciliter l’expérimentation et dépasser les automatismes académiques.

BIOGRAPHIE

Alessandra Bruno; Architecte et doctorante en Art de bâtir et urbanisme au sein des laboratoires Sasha et Hortence de la faculté d’architecture La Cambre-Horta-ULB, à Bruxelles. Pendant ses études, elle s’intéresse aux pratiques urbaines subversives et alternatives, telles que les occupations temporaires, et à leur progressive institutionnalisation. Aujourd’hui, ses recherches portent sur les pratiques pédagogiques proposant l’apprentissage en faisant, dans la tentative de concilier l’exercice de conception et réalité par l’engagement corporel, dans les écoles d’architecture. Elle essaye d’ analyser leurs apports pédagogiques ainsi que les engagements qui motivent leurs porteurs et porteuses.